mardi 23 octobre 2007

La Textbox, le caisson de Bas Böttcher

Reportage
Samedi 21 et dimanche 22 octobre, le Centre Georges Pompidou était le théâtre d'une étrange manifestation. Dans le hall d'entrée,le public se massait devant une boîte en plexiglas. A l'intérieur, un micro et deux écrans constituaient le seul décor. Quelqu'un arriva, s'enferma dans ce cube, puis invita les gens à prendre l'un des nombreux casques à leur disposition. Sans ces précieux outils, impossible d'entendre quoi que ce soit, la boîte étant totalement hermétique. De loin, on ne voyait donc qu'un homme gesticuler devant un micro, devant un auditoire relié par la tête à son interlocuteur. Impossible à première vue, pour quiconque arrivant sur place, de comprendre qu'une représentation de slam était en train d'avoir lieu. Pourtant, Bastian Böttcher était bel et bien en train de présenter ses textes dans sa bien nommée Textbox.

Bas Böttcher et sa Textbox
« Le plus petit média de masse au monde »

Ce berlinois, ancien étudiant à l'université du Bauhaus, est un artiste aux multiples facettes. Les moyens modernes de communication sont le sujet récurrent de l'oeuvre de ce chanteur, rappeur, slameur, poète et écrivain. S'intéressant de plus près au problème de la transmission de ses textes au public, il est parti d'un constat : « De même que le poète s'intéresse à tout ce qui est constitutif de la poésie, (le rythme, la disposition des strophes, la métrique), il faut aussi s'intéresser aux médias qui la transportent, à la façon dont elle va être diffusée. Aujourd'hui, le "job" du poète, c'est que la poésie atteigne celui ou celle à qui elle est destinée ». Habitué des grands festivals, où le brouhaha général prend le pas sur les lectures, Bas Böttcher a donc fabriqué son propre média, « une sorte de maison d'édition », où il peut déclamer sa prose, dans les environnement les moins propices. Le bruit qui régnait ce week-end à Beaubourg en faisait donc l'endroit idéal pour installer la fameuse boîte à texte.

Bas Böttcher à la foire du livre de Leipzig en 2006



« Être plus proche du public »

Outre Bas, d'autres slameurs étaient invités comme le français D' de Kabal, pour présenter leurs compositions. Poésie moderne, la force du slam réside avant tout dans le poids des mots, leur rythmique et leurs sonorités. La Textbox amplifie ce phénomène. « Isolé » de l'extérieur grâce aux casques, on peut alors totalement se concentrer sur la prose de ces poètes urbains. Afin d'être un média universel, la boîte est dotée de deux écrans, passant en simultané la traduction des textes. C'est alors au public de choisir : soit il choisit de lire, soit il ferme les yeux, pour mieux saisir les assonances et les rimes. Cela permet, selon Böttcher « que l'essence de la poésie, les sonorités les plus fines, puissent atteindre les auditeurs ». Certains voient pourtant dans la vitre séparant l'orateur de son auditoire, une marque de rupture. D' n'est pas de cet avis ; pour lui « la vitre protège, mais ne coupe pas de celui qui performe ». Aussi enthousiaste que le public après ces deux jours enfermé dans la boîte, il résume parfaitement le concept de la Texbtox : « Ce que je trouve fabuleux, c'est que l'écoute, les gens vont la chercher [...] de la même façon que quand ils en ont assez, ou que ça ne leur plaît pas, ils se débarrassent du casque aussi vite qu'ils sont venus ! ».

Clément VOGT

Pour plus d'informations sur Bas Böttcher :
http://www.basboettcher.de/
Sur la Textbox :
http://www.textbox.biz/


Crédits photos :
Bas Böttcher et sa Textbox - copyright C. VOGT
Bas Böttcher à la foire du livre de Leipzig en 2006 - copyright :
www.timobrunke.de