lundi 22 octobre 2007

Un festival en trois temps, pour des images à l’infini

REPORTAGE
Du 12 au 21 octobre La Ferme du Buisson, Scène nationale de Marne-la-Vallée, accueillait pour sa sixième édition le festival Temps d’images plus que jamais ouvert sur la création issue des quatre coins de l’Europe et d’ailleurs. Récit d’un parcours choisi en trois temps.

16h30, première étape du parcours: l'exposition.
Bien installé dans sa chaise longue, sirotant un jus d’orange tout en lisant son livre, le spectateur de Temps d’images, a pu ce dimanche goûter avec délectation aux derniers rayons de soleil malgré la fraîcheur automnale. Entre deux représentations il aurait été bête de ne pas en profiter. Le pass’ festival en poche, pourquoi ne pas s’attarder aussi sur les installations du Centre d’art de La Ferme et son exposition. Installations vidéo, numériques et interactives, les étudiants du Fresnoy (Studio National des Arts Contemporains), artistes de demain redoublent d’imagination pour surprendre le spectateur dans le domaine des arts visuels. Leur choix quant aux œuvres exposées n’est pas sans illustrer la dimension européenne du festival. Artistes français, néerlandais, anglais, biélorusse, l’image traverse les frontières pour se réunir dans un même lieu. La première salle de l’exposition, la Galerie des portraits flamands, déstabilise. Rien d’impressionnant aux premiers abords. Des portraits comme tout photographe pourrait en faire, mais parce que l’artiste Eleonor Saintagnan n’est pas comme les autres, elle a choisi de faire poser cette série d’habitants rencontrés à Roubaix pendant cinq minutes sans bouger. L’effet est immédiat. Pour passer d’une salle à l’autre, Dmitri Makhomet et son installation numérique Rue en rue permet au spectateur de « découvrir » les poésies de l’écrivain russe Vladimir Maïakovski. Pas si évident en effet puisque les phrases d’un poème sont créées en image 3D et projetées sur le sol, « ressemblant à un espace de vagues, de ruines de poésie, de révolution et d’amour ».

18h30, deuxième étape du parcours : « de la guitare pour en découdre avec des images qui n’en sont peut-être pas ».
Une annonce générale retentie dans le hall du théâtre pour signaler aux festivaliers que l’intervention musicale de Paulo Furtado va commencer. Au studio de La Ferme, chacun est alors invité à prendre place autour de l’artiste. Officiant sous le nom de « The Legendary Tiger Man », le Portugais Paulo Furtado, guitariste et membre par ailleurs du groupe Wraygun surprend lui aussi son public. On ne comprend pas tout de suite, pourquoi le musicien passe d’un son à un autre, pourquoi cet écran reste blanc et puis c’est l’explosion. Chaque son enregistré s’assemble pour donner une musique dont la puissance retentie sur des images suivant le rythme. L’effet est saisissant mais malheureusement trop court. Quarante cinq minutes n’auront pas suffi pour rassasier les amateurs de musique iconoclaste.

20h30, troisième et dernière étape du parcours : « Hamlet à l’heure des tabloïds et de la peopolisation à outrance ».
Kiss of Death, la pièce d’Isabelle Soupart chorégraphe belge est un mélange de théâtre, danse, musique et vidéo. Lunettes noires des comédiens, et ralentis des mouvements, ne sont pas sans rappeler un certain Matrix. Répétitions du discours, mélange des pistes, dédoublement de l’espace et des corps, produisent le même effet qu’un Mulluland Drive de David Lynch. Le public est parfois un peu perdu dans cet univers étrange où les vestiges de la pièce shakespearienne se mêlent à une réflexion ultramoderne sur les médias, l’utilisation de l’image et du scoop dont s’abreuvent les paparazzi. « No pictures ! No pictures ! », scande la comédienne. L’instruction sera la même pour les spectateurs pendant la pièce. Un paradoxe pour cette représentation dont le support est avant tout l’image et la vidéo. Tant d’images auront eu raison de nous. Une overdose dont les habitués du festival ne se lassent pas, et pour laquelle ils nous donnent déjà rendez-vous l’année prochaine.


Charlotte Cambier.


Photo 1: La Ferme du Buisson (Charlotte Cambier)
Photo 2: Paulo Furtado (Charlotte Cambier)
Photo 3: Les comédiens de Kiss of Death (Charlotte Cambier)


Pour tout renseignements sur La Ferme du Buisson et sa programmation :
Standard/information au 01 64 62 77 00
Programme cinéma au 01 60 17 92 07
http://www.lafermedubuisson.com/
La Ferme du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée
Allée de la Ferme – Noisiel/ 77448 Marne-la-Vallée cedex 2
A 20 minutes de Paris Nation
En RER : RER A, direction Chessy Marne-la-Vallée, arrêt Noisiel, puis fléchage (5 min à pied).