lundi 22 octobre 2007

Une plongée dans l’univers de l’artiste suisse Ugo Rondinone

REPORTAGE
Le Palais de Tokyo laisse en ce moment carte blanche à l’artiste Ugo Rondinone, qui y imagine une vaste création intitulée The Third Mind. Cet artiste contemporain de renommé internationale, travaillant sous formes de vidéos, de peintures, de photographies et d’installations, se fait ici commissaire d’exposition. Car ce qu’il présente au Palais de Tokyo, ce n’est pas son œuvre à proprement parler, mais une exposition regroupant des œuvres de 31 artistes qui l’influencent. Décrite comme « une sorte de cartographie du cerveau de l’artiste, de ses désirs et de ses influences », The Third Mind offre une déambulation parmi les œuvres d’artistes différents, mais confrontées les unes aux autres selon la vision d’Ugo Rondinone.
La diversité des créations présentées peut dérouter le visiteur non averti. Beaucoup d’entre elles évoquent l’organicité, plus ou moins proche du corps humain. Mais d’autres, telle la série de salles d’attentes vides du Suisse Jean-Frédéric Schnyder, sont exemptes de toute vie humaine. Il est en tous cas remarquable que des œuvres de formes si diverses, créées par des artistes d’horizons variés, soient ici regroupées et confrontées en raison de leur appartenance commune au « cerveau » d’Ugo Rondinone. L’exposition rassemble ainsi les œuvres d’une douzaine d’artistes européens.



Le visiteur est accueilli par l’installation Car Park, de la Londonienne Sarah Lucas, qui met en scène une voiture vandalisée et des séries de reproductions de parking déserté couvrant le mur en arrière-plan. Il découvre les sculptures organiques de l’Autrichien Bruno Gironcoli, et l’installation du Suisse Urs Fischer, qui a transporté son studio londonien pour en faire une œuvre sur le processus de création. Le plafond d’une des salles est occupé par l’installation lumineuse When Now is Night (web) de Martin Boyce, sculpteur et designer écossais.
The Third Mind présente également d’impressionnantes sculptures anthropomorphes, d’effets très différents. Celles du Suisse Hans Josephsohn sont des amas de matière évoquant des personnages alanguis, tandis que la Britannique Rebecca Warren figure, à travers des masses d’argile informes, une série de femmes déstructurées, agressives et grotesques.



La démarche d’Ugo Rondinone est de constituer, à travers ces confrontations d’œuvres d’autres artistes, une œuvre à part entière. C’est ce que signifie le titre de l’exposition, The Third Mind, qui rend hommage au livre éponyme de William S. Burroughs, écrivain de la Beat Generation, et de l’artiste Brion Gysin. Ce livre a été conçu selon la méthode du cut-up, consistant à couper et réassembler divers fragments de phrases pour leur donner un sens totalement nouveau et inattendu. Ugo Rondinone inscrit cette exposition dans la même démarche, la rencontre entre l’événement imaginé et les œuvres rassemblées devant révéler une œuvre nouvelle, comme créée par un troisième artiste.


The Third Mind, carte blanche à Ugo Rondinone
Du 27 septembre 2007 au 3 janvier 2008 au Palais de Tokyo
13 avenue du Président Wilson, 75016 Paris.
www.palaisdetokyo.com
Ouvert de midi à minuit tous les jours sauf le lundi.


Claire Mittau

Aucun commentaire: