lundi 15 octobre 2007

Ririez-vous d’Hitler ?

DECRYPTAGE
Le 12e Festival du cinéma allemand de Paris donne l’occasion de découvrir en avant-première Mon Führer : la vérité vraiment la plus véritable à propos d’Adolf Hitler. Lors de sa sortie en Allemagne, en janvier dernier, cette comédie avait provoqué une polémique qui s’était étendue au reste de l’Europe en soulevant la question : peut-on rire des Nazis ? Le réalisateur Dani Levy est accusé, à travers ce qu’il voulait être une comédie subversive, d’humaniser à l’excès le dictateur. L’histoire se déroule en décembre 1944, peu avant l’effondrement du régime. Hitler a perdu toute capacité à enflammer les foules par ses discours, et le chef de la propagande Goebbels a l’idée de le faire « coacher » par un professeur de théâtre juif. Celui-ci est alors sorti de Sachsenhausen, et va s’employer à ridiculiser le Führer.

La polémique autour du film est lancée par celui-là même qui interprète Hitler, l’acteur Helge Schneider. Il déclare au journal suisse Sonntagsblick qu’il n’aime pas le film et ne le trouve pas drôle. L’association entre humour et nazisme pique ensuite l’intérêt de la presse européenne, qui se demande alors si on peut rire de tout.
L’hebdomadaire allemand Die Zeit dénonce une comédie psychologisante et humanisante, recourant à l’idée d’une enfance maltraitée et solitaire pour présenter Hitler comme un cas psychiatrique. Cette description d’un dictateur impuissant et pathétique laisse au journal genevois Le Temps un malaise persistant, tandis le quotidien italien La Stampa estime que : « cela se voulait un film drôle, ce n’est qu’un film irritant ». Seul le Journal du Dimanche, dans un article paru cette semaine à l’occasion du Festival du cinéma allemand, se laisse séduire et va jusqu’à déclarer qu’il y a « du Lubitsch, du Chaplin et du Benigni dans ce film férocement satirique, où le ton entre rires et larmes fonctionne à merveille ». Mais la presse européenne souligne unanimement que Chaplin a réussi à faire rire d’Hitler avec bien plus de justesse.

Le mieux reste sûrement de vous faire votre propre opinion sur ce film et la polémique qu’il provoque en Europe. En attendant une probable sortie dans les salles françaises, le Festival du cinéma allemand de Paris programme Mon Führer les 14, 15 et 16 octobre prochains.


La 12e édition du Festival du cinéma allemand propose non seulement des films en avant-première, mais aussi des courts métrages et une programmation jeunesse. Plusieurs documentaires reflétant l’Allemagne d’aujourd’hui et sélectionnés par le Goethe-Institut sont également projetés. Le film De l’autre côté, de Fatih Akin, prix du meilleur scénario au dernier Festival de Cannes, clôture cette programmation.
Du 10 au 16 octobre au cinéma L’Arlequin à Paris (6e arrondissement).


Claire Mittau

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