lundi 17 décembre 2007

Nouveau cinéma et art contemporain partent à la rencontre du public

Reportage

A l’occasion des Rencontres internationales Paris/Berlin/Madrid, les amateurs de nouveau cinéma et d’art contemporain pouvaient rencontrer les directeurs et curateurs de musée et de centre d’art européen à Pompidou. Pour cette première journée de table ronde, il fallait néanmoins suivre le débat.




Les Rencontres internationales Paris/Berlin/Madrid, speed-dating version européenne, ou comment rencontrer l’Espagnol qui vous convient. Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas là du dernier salon en date à Paris destiné aux célibataires européens, mais bien d’un événement culturel de premier plan qui a lieu depuis 1997 et qui a investi les centres culturels de la capitale fin novembre. Consacrée aux nouveaux cinémas, à la création vidéo contemporaine et au multimédia, le festival réunit chaque année des œuvres d'artistes et de réalisateurs reconnus sur la scène internationale mais aussi de jeunes artistes et réalisateurs peu diffusés. La programmation de cette année, réalisée parmi plus de 5000 propositions reçues, rassemble à Paris 200 oeuvres de France, d'Allemagne, d’Espagne et de 60 pays. Elle sera présentée à Madrid en avril et à Berlin en juin 2008. Du Palais de Tokyo, au Jeu de Paume et en passant par les instituts culturels, les visiteurs ont pu assister à de nombreuses projections, vidéos, cinéma expérimental, documentaire, ou fiction, ou encore assister à des expositions ou a des concerts multimédias. Un espace de consultation Le Laboratoire a permis à chacun de voir ou revoir à la demande l'ensemble de la programmation. Le mot d’ordre pour cette manifestation : décloisonner les différents milieux de création et faire communiquer leurs publics mais aussi susciter des échanges entre artistes, réalisateurs et acteurs de la vie artistique et culturelle. Pari réussi pour les organisateurs qui se félicitent aujourd’hui de la fréquentation du public dans les multiples salles ainsi que du retentissement qu’a eu l’événement dans la presse.

Public averti conseillé
Si la vocation des Rencontres Internationales était de faire découvrir ces œuvres à un large public, les tables rondes qui ont clôturé la programmation n’ont cependant pas attiré un public non averti au milieu des arts multimédias. Destinées à développer une réflexion sur les circulations de forme et les nouveaux enjeux entre cinéma et art contemporain, il fallait être un tantinet expert en la matière pour suivre les débats. Dans la petite salle du Centre Pompidou, au programme du jeudi 29 novembre, des questions pointues ont ainsi été abordées par de nombreux responsables d'institutions et de structures émergentes d’Europe et d’outre-atlantique. Curateurs, directeurs de centre d’art ou de festivals se sont attardés sur les nouvelles problématiques et évolution des modes de diffusion vidéo et nouveaux médias, puis sur le musée comme espace fermé, espace ouvert.

« Le marketing n’est pas ce qui nous préoccupe ici »
Présentant tour à tour leur structure, tous ont voulu témoigner de la vivacité de création et de diffusion de leur propre institution: musée d’art contemporain de Vilnius, de Castille Leon, de Stockholm ou encore celui de Londres (ICA) ou de Wiels en Belgique. Finalement tous ont montré que leur véritable préoccupation se focalisait sur le public. Avec des « expositions à l’extérieur, des projections. Avec des nouveaux lieux, des nouveaux formats, cela nous permet aussi d’attirer un nouveau public » explique Grainne Humphreys, directrice du Festival du film international de Dublin. Mais c’est aussi un public qu’ils doivent faire communiquer. Pour Valentinas Klimasauskas curateur du musée de Vilnius, il s’agit de construire une « arène où le public pourrait rencontrer le public du monde entier. », tout comme l’Espagnol Agustín Pérez Rubio qui s’est attaché à expliquer que son « institution est une passerelle entre la Castille Leon et le reste du monde. Accueillant des projets nationaux, locaux mais aussi internationaux » et qu’ « il est important que les frontières soient perméables entre ces projets ». Témoignant de leur réel engagement dans l’espace public, comme médiateur entre l’art contemporain et les jeunes ou les communautés, Dirk Snauwaert, du Centre de Wiels a expliqué le « choix de travailler avec un public non spécialisé, en ouverture sur la ville. Le marketing n’est pas ce qui nous préoccupe ici » a-t-il noté. « C’est une éducation informelle que l’on transmet, où il y a peut-être plus de messages que dans les lieux de formalité ».

« Qui se fout aujourd’hui d’une vidéo d’un suédois des années 70 ? »
En revanche question droits de reproduction ou de conservation, pas facile de suivre le cheminement quand il s’agit d’œuvres qui nécessitent parfois des installations très spéciales. Le protocole à suivre fait partie intégrante du travail de l’artiste. Mais comment faire quand il ne reste aucun témoignage de celui-ci. Sans aucune réglementations internationales et cadres juridiques les intervenants se sont perdus dans les explications. Remercions Richard Julin du centre d’art de Stockholm d’être intervenu pour noter le « coté désuet et le fossé entre les curateurs et le public par rapport à la conservation des œuvres. » « Qui se fout aujourd’hui d’une vidéo d’un suédois des années 70 ? » a-t-il demandé avec ironie. « Il faut plutôt continuer à chercher des œuvres, rendre hommage à des artistes qui nous paraissent important. »

Charlotte Cambier.

Photo: Table ronde au Centre Pompidou en présence des curateurs de musée (crédit photo art-action)



Rencontres internationales Paris/Berlin/Madrid
Nouveau cinéma et art contemporain
Du 22 novembre au 1er décembre 2007
• au Centre Pompidou,
• au Jeu de Paume,
• au Palais de Tokyo,
• et sur d'autres lieux.
Pass festival : 30€
Le Pass festival donne accès aux séances au Jeu de Paume, à l'Entrepôt, au Centre Pompidou, hors séances spéciales.
La même programmation sera présentée à Madrid en avril 2008 et à Berlin en juin 2008.
Pour plus de renseignements : : http://www.art-action.org/