dimanche 16 décembre 2007

Alberto Giacometti, suivez le guide !

Reportage

Paris accueille depuis quelques semaines l’œuvre du créateur de l’homme qui marche. Deux expositions lui sont consacrées : l’une au centre Georges Pompidou, l’autre sur le site Richelieu de la Bibliothèque Nationale Française. Présentation de ces deux manifestations et retour sur quelques sculptures du maître.

Né en Suisse italienne en 1901, Alberto est le fils d’un peintre impressionniste, Giovanni Giacometti. Influencé dès son plus jeune âge par son père, il s’initie en autodidacte à la sculpture et à la peinture à l’huile. Après des études à l’école des Beaux-Arts de Genève, il quitte son pays natal pour rejoindre Paris en 1922. Il s’installera quatre ans plus tard dans son atelier de la rue Hippolyte-Maindron, qu’il n’abandonnera pas jusqu’à la fin de sa vie. Proche des milieux artistiques et littéraires, Alberto Giacometti deviendra donc parisien d’adoption. Son admiration pour la capitale se retrouve d’ailleurs dans sa dernière œuvre inachevée, intitulée Paris sans fin, recueil de lithographies publié à titre posthume. De la place Saint-Sulpice à la cathédrale Notre Dame, en passant par le jardin des plantes, cette promenade picturale prouve l’attachement de Giacometti pour la ville des Lumières.



Au cœur de l’atelier
Alors qu’une exposition lui était déjà consacrée il y a cinq ans, à l’occasion de son centenaire, l’artiste est encore à l’honneur en cette fin d’année. La programmation simultanée des deux manifestations ne se limite pas à présenter une rétrospective de sa carrière : elle nous offre une réelle plongée dans l’univers d’Alberto Giacometti. Outre la variété des œuvres, c’est surtout son mode de travail qui est disséqué. La reconstitution de son atelier au Centre Georges Pompidou (1), permet ainsi de comprendre sa démarche, grâce à toute une série d’études sur les têtes et les corps, de maquettes et d’estampes. Les photographies saisies sur son lieu de travail par Man Ray, Henri Cartier-Bresson ou Denise Colomb, font entrer le visiteur l’intimité de l’artiste.
Si tout le monde connaît plus ou moins ses sculptures comme l’homme qui marche ou la grande femme, d’autres facettes de sa vie artistiques sont ici exposées, comme sa période surréaliste, à la suite de sa rencontre avec André Breton en 1930. Les différents projets de design, de place et d’intérieurs d’appartements, coréalisés avec le photographe Marc Vaux démontrent aussi sa volonté de joindre l’utile à l’agréable. Dans le même esprit, les commandes de médailles à l’effigie d’Henri Matisse ou de Jean-Paul Sartre, de pochettes de disque (comme pour Stravinsky), ou de foulard pour la galerie Maeght, sont autant de tentatives de réaliser des objets fonctionnels à la périphérie du domaine des beaux-arts.


De Paris à Saint-Paul de Vence
En complément de l’exposition à Beaubourg, la BNF présente de son côté l’œuvre gravée d’Alberto Giacometti (2). Des lithographies et des eaux-fortes sont réunies pour la première fois dans cette exposition. Destinées à illustrer les éditons de luxe des recueils de ses amis poètes, elles étaient tirées à très faible exemplaire et sont donc méconnues du grand public. Il participera à une cinquantaine d’ouvrages, parmi lesquelles Histoire de rats de Georges Bataille (1947), La Folie Tristan de Gilbert Lély (1959), Vivantes cendres innommées de Michel Leiris (1961), Retour Amont de René Char (1965). Pour chacun d’entre eux, Giacometti a réalisé plus d’une trentaine de gravures, ce qui permet de saisir la complexité du travail de l’artiste, recherchant sans cesse la perfection dans son trait, point commun de toutes ses œuvres. Ce n’est que vers la fin de sa vie, qu’il s’essaya à la démarche inverse, comme il l’explique dans Paris sans fin : « Oh ! l’envie de faire des images de Paris un peu partout, où la vie m’amenait, m’amènerait, la seule possibilité pour cela, ce crayon lithographique, ni la peinture ni le dessin, ce crayon le seul moyen pour faire vite, l’impossibilité de revenir dessus, d’effacer, de gommer, de recommencer. ».
Enfin, on ne pouvait parler de Giacometti, sans revenir sur certaines de ses sculptures les plus connues. Visibles au quatre coins de la planète, beaucoup d’entre elles appartiennent à la collection de la fondation Maeght. Très proche de l’artiste, cet ancien galeriste à Paris a réuni plus d’une vingtaine de chef d’œuvres, exposés en extérieur dans le village de Saint-Paul de Vence. Reportage photo sur la terrasse de la fondation.

Exposition permanente - avec la permission de la Fondation Maeght Saint-Paul de Vence - copyright C. VOGT

Clément VOGT

1 : L’Atelier d’Alberto GIACOMETTI, jusqu’au 11 février 2008 au Centre Georges Pompidou. Tarif : 8 à 10 euros
2 : Alberto Giacometti, oeuvre gravé, jusqu’au 13 janvier 2008, BNF site Richelieu. Tarif : 5 à 7 euros